Les pionniers



      léon Denis

 


Léon DENIS est né le premier janvier 1846 à FOUG, localité de  l’arrondissement de TOUL. Son père, Joseph DENIS, était maçon. Sa mère, Anne-Lucie LIOUVILLE, de souche paysanne, était née à MENIL LA HORGNE, commune de GONDREVILLE. Les noces eurent lieu à FOUG le 3 avril 1845.
A l’âge de neuf ans, il vient se fixer à STRASBOURG avec sa famille. C’est donc à STRASBOURG, au cours privé de Monsieur HAAS, que le petit Léon fait ses débuts d’écolier.
Nouveau déménagement à BORDEAUX, où Léon doit interrompre ses études pour aider son père. En 1857, celui-ci obtient un poste de chef de station de MORCENX dans les LANDES et Léon reprend le chemin de l’école.
Son nouveau maître, disciple de Jean Jacques ROUSSEAU, instruit son élève en l’emmenant en promenade : celui-ci devait garder toute sa vie un souvenir ému de ce contact direct avec les choses.
Nouveau déménagement à MOUX. Léon supplée aux manquements paternels, laissant les chers livres qu’il affectionne. Il s’occupera des télégrammes et de la comptabilité.
En 1862, la famille s’installe à TOURS. Léon travaille dans une faïencerie ; il passe dans une autre maison de commerce où il travaille aux écritures. Menant de front sa tâche du jour et ses études, notre Léon n’a de loisirs que pour la plus austère des maîtresses, “ celle qui veille sous la lampe devant les pages des livres ”. Le problème que d’ordinaire l’homme ne se pose que dans les heures d’affliction ou de maladie grave et qu’il s’empresse d’oublier dès que le destin lui sourit, Léon en saisit l’importance capitale. L’homme se rue au plaisir, s’enivre de sensualité pour échapper à l’idée de la mort sans arriver jamais à l’éluder.
Qu’est-ce que la sagesse ? C’est apprendre à mourir, dit PLATON.
Qu’est-ce que la vie ? C’est une méditation de la mort ”, dit SENEQUE.

 

ALLAN KARDEC





Allan Kardec demeure la figure de proue du spiritisme. Cet homme exceptionnel a pu, en quatorze ans seulement, consolider des renseignements épars en une doctrine universelle claire, logique et pratiquement irréfutable; en faire la promotion en rédigeant six livres et en fondant et dirigeant une revue; en assurer la défense devant des détracteurs acharnés, en plus de jeter les bases d'un mouvement international qui lui survit encore aujourd'hui.
Allan Kardec était tout le contraire d'un mystique ou d'un illuminé. C'était un homme très intelligent, surdoué même, à l'esprit très cartésien et rationnel qui ne s'intéressa aux manifestations des esprits qu'à l'âge de 50 ans, après avoir acquis une certaine notoriété comme pédagogue.
 
Il vit le jour le 3 octobre 1804, à Lyon au sein d'une famille aisée de juges et d'avocats. Il fut baptisé Denizard Hyppolyte Léon Rivail.
Il fit preuve dès son jeune âge d'une intelligence remarquable si bien qu'à l'âge de 10 ans, on l'envoya étudier à l'Institut Pestalozzi en Suisse. Il en sortit dix ans plus tard avec un baccalauréat en lettres et sciences et un doctorat en médecine. Certains auteurs prétendent qu'il a acquis pendant cet épisode de sa jeunesse, alors qu'il était le plus influençable aux idées extérieures, les germes de son oeuvre ultérieure.



Il faut préciser que la méthode d'enseignement de Pestalozzi encourageait l'adhésion à des idéaux de réforme politique et sociale et développait l'ouverture d'esprit propre aux libre-penseurs. Kardec y aurait d'ailleurs compris que l'éducation était la clé de l'harmonisation entre les riches et les pauvres. Que cet enseignement en soit la source ou non, il n'en demeure pas moins que ces valeurs étaient omniprésentes dans la vie de Kardec.
Ses études terminées, Kardec revint en France et se consacra à l'enseignement et à la publication d'ouvrages pédagogiques qui connurent un franc succès. Il ouvrit sa propre école de première année en 1825, suivie d'une autre école : l'Institut technique Rivail en 1826. Il y enseignait la chimie, la physique, les maths, l'astronomie, l'anatomie comparée et la rhétorique. En outre, Kardec parlait déjà plus de six langues! Il dut par la faute de ses associés fermer une école, mais il poursuivit son oeuvre d'enseignement en offrant chez lui des leçons gratuites et en rédigeant une série de livres sur divers sujets pour l'Université de France et d'autres ouvrages encore qui lui valurent bien des honneurs, tant et si bien qu'il était devenu à la fin des années 1840 un éducateur réputé et respecté qui aurait très bien pu vivre aisément du profit de ses livres pour le reste de ses jours.
Il s'était entre-temps marié, en 1832, à Amélie Gabrielle Boudet, une professeure de Beaux-Arts et écrivaine, mais n'eut aucun enfant.
Il s'était également intéressé en dilettante, pendant tout ce temps au magnétisme, popularisé par Mesmer, mais il était encore bien loin de croire en l'intervention des esprits dans le monde matériel.
Il rejetta même cette idée lorsqu'on lui mentionna l'existence des tables parlantes, ne pouvant admettre qu'un meuble soit doué d'intelligence. Et ma foi, il n'avait pas tort et le prouva indiscutablement. Ce scepticisme raisonné était un trait de sa personnalité que décrit comme suit Anna Blackwell qui l'a connu personellement et qui a traduit ses ouvrages en anglais.
Il avait un tempérament calme, prévoyant et réaliste qui donnait parfois des impressions de froideur, accompagné d'un scepticisme naturel. (...)
Très logique dans ses raisonnements et ses argumentations, il ne manquait jamais de trouver des applications pratiques pour toutes les idées qu'il avait. Il était aussi loin du mysticisme que des débordements que donne parfois l'enthousiasme d'une découverte. Pondéré en toutes choses, il parlait lentement et simplement sans affectation, avec sincérité et honnêteté, qualités qui, toujours, ont été les traits marquants de sa personnalité.
Comme on le voit, Kardec n'était pas du genre à s'énerver pour un rien ni à adhérer à toutes les modes. C'est d'ailleurs ainsi qu'il aborda toute la question du spiritisme.
En 1855, un an après avoir balayé du revers de la main l'hypothèse des tables parlantes, il se laissa convaincre par un ami d'assister à une séance. Ce fut sa première expérience. Il y fut témoin de tables sautant et courant dans la pièce et de piètres tentatives d'écriture médiumnique.
Il n'en fut pas pour autant convaincu, mais ces événements avaient piqué sa curiosité. Comme il le dit lui-même : "Mes idées ne s'en trouvèrent pas changées pour autant, mais je percevais dans ces phénomènes un effet devant avoir une cause. Je décelais derrière la frivolité et le loisir apparents de ces phénomènes quelque chose de sérieux, peut-être la révélation d'une nouvelle loi. Je me promis donc d'étudier la question.
Ainsi débuta un travail de moine qui se poursuivit pendant trois ans. On lui présenta un certain M. Beaudin dont les deux filles, plutôt têtes-de-linottes, organisaient des séances régulièrement et obtenaient des communications par des coups (typtologie).
Les messages étaient habituellement de peu d'intérêt, mais dès que Kardec était présent à une séance, les communications prenaient une autre tournure. Elles devenaient philosophiques et accusaient une profondeur et une sagesse certaines.
Kardec prit donc l'habitude d'arriver à chaque séance armé d'une série de questions auxquelles il était déterminé à obtenir des réponses. Et il en obtint tant et si bien qu'il acquit ainsi la base de la théorie spirite.

En cours de route, un groupe de chercheurs qui avait déjà amassé plus de 50 cahiers de communications lui demanda d'y mettre de l'ordre, mais Kardec refusa à prime abord pour se raviser ensuite et entreprendre cette tâche monumentale qui devait aboutir en avril 1857 à la publication du Livre des Esprits, ainsi intitulé à la demande même des esprits afin d'en bien marquer l'origine.
Lorsque Kardec entreprit de faire le ménage dans les cahiers, il s'appliqua à classer les différents types de communications selon leur nature et la cohérence de leur contenu.
Tout au long de ce travail il utilisa pour valider les communications le principe de concordance ou de conformité. Autrement dit, pour être acceptables et tenues pour vraies, les réponses devaient résoudre tous les aspects d'un problème et être cohérentes avec les réponses sur le même sujet obtenues d'autres sources indépendantes.
Il ajouta aux communications des cahiers, d'autres communications obtenues par la médium Célina Japhet, puis encore insatisfait de leur validité les soumit de nouveau à d'autres médiums. Il amalgama le résultat de ses travaux en un livre présentant plus de mille questions et leurs réponses, telles que fournies par les esprits, le tout augmenté d'annotations et de dissertations au besoin pour fournir des éclaircissements.
La doctrine avait enfin une base et une structure solide qui allait permettre son expansion et sa diffusion à travers le monde entier.
Mais Kardec ne s'arrêta pas là, jusqu'à sa mort, il devait consacrer sa vie au spiritisme, une mission qui ne fut pas sans écueils.
Le spiritisme étant une doctrine en pleine évolution, Kardec donna suite au succès retentissant de son premier ouvrage en fondant la Revue spirite dont le premier numéro parut le 1er janvier 1858. Cette Revue lui donna l'occasion de faire le suivi du développement de la doctrine de par le monde, de donner des exemples, des précisions, de centraliser les nouveaux renseignements pour les rediffuser à grande échelle. Bref, la Revue témoignait de la vitalité du spiritisme et de son expansion.
La même année, il fonda la Société parisienne des études spirites, donnant une existence concrète à cette nouvelle science d'observation.
Si le Livre des esprits connut un franc succès et amena beaucoup d'adeptes au spiritisme, il réveilla du même coup la hargne de nombreux opposants et détracteurs, même au sein des spirites.
L'église catholique fut sans contredit l'un des plus vifs opposants au spiritisme, quoique nombre de ses membres aient personnellement appuyé la philosophie. En fait, l'Église catholique considérait le spiritisme comme un ennemi pire que le protestantisme. Il faut dire que les principes du spiritisme venaient saper les dogmes du catholicisme et mettait indirectement en faute les agissements de l'Église à l'époque, notamment son manque de charité et toutes ses manoeuvres politiques, sans parler du commerce des indulgences.
Avant même la parution du Livre des Esprits, le pape Pie IX avait interdit la médiumnité et toute superstition analogue, les qualifiant d'hérétiques, de scandaleuses et de contraires aux bonnes moeurs. Cette mentalité perdura si bien qu'en 1861, l'évêque de Barcelone ordonna qu'on brûle une cargaison de trois cent livres spirites. Évidemment, cela mit le feu aux poudres et raviva l'intérêt pour la doctrine.
En 1864, le doyen de la faculté de théologie de l'Université de Lyon débuta une série de conférences dénonçant le mesmérisme et le spiritisme. Le clergé désignait même le spiritisme comme une forme d'adoration du démon. Le phénomène prit une telle ampleur que Kardec accusa l'Église d'inciter délibérément à la haine envers les spirites. De fait, l'Église refusait de voir dans le spiritisme un allié potentiel et le pilier de sa transformation.
Malgré toute cette houle, Kardec continuait à écrire pour faire connaître davantage le bien fondé de la doctrine.
Il publia en 1859, un livre intitulé Qu'est-ce que le spiritisme, dans lequel il rapporte un dialogue fictif entre lui et trois personnages : un critique, un sceptique et un prêtre dont il débattait des arguments.
Vient ensuite en 1860 un ouvrage intitulé Le spiritisme à sa plus simple expression où il fournit l'essentiel des enseignements du spiritisme.
En 1861, parut le deuxième pilier de son oeuvre : le Livre des médiums qui s'attarde à la médiumnité, aux manifestations spirites et aux communications. Ce dernier ouvrage abordait le côté expérimental du spiritisme et venait compléter le Livre des esprits qui en énonçait les aspects philosophiques et moraux.
Outre l'écriture, Kardec occupait une bonne part de son temps à répondre au courrier qu'il recevait, à poursuivre ses expérimentations, à voyager dans toute l'Europe pour donner des conférences et rencontrer les groupes spirites. S'il se faisait des amis et des alliés, ce-faisant, il se fit également de nombreux ennemis, certains jaloux de sa situation, d'autres vexés ou blessés par ses vues sur la médiumnité et les médiums.
C'est qu'au fil de ses travaux, Kardec avait discerné des moyens de déterminer sinon l'identité d'un esprit, du moins son degré d'évolution. Ces méthodes déplurent à beaucoup de médiums qui connurent dès lors plusieurs fausses joies, parce que les esprits qui se communiquaient à eux sous des noms célèbres s'avéraient des faussaires ou des usurpateurs! L'orgueil de certains en prit un dur coup.
D'autres livres suivirent dont l'Évangile selon le spiritisme en 1864, qui donnait le point de vue des esprits sur divers passages du Nouveau-Testament, puis Le ciel et l'enfer en 1865 qui explique d'une part pourquoi rejeter certains dogmes traditionnels et présente d'autre part des témoignages d'esprits de divers niveaux d'évolution sur leur condition présente.
Enfin, en 1968, parut La Génèse, les miracles et les prédictions selon le spiritisme qui retrace la création du monde et démythifie ce que sont les miracles en plus d'expliquer la capacité de prédire l'avenir.
Son dernier grand projet consista à planifier la constitution d'une société devant donner suite à son oeuvre et structurer un mouvement international.

Allan Kardec décéda le 31 mars 1869 et fut enterré au cimetière du Père-Lachaise.
Sa tombe est toujours la plus fleurie du cimetière




Gabriel DELANNE





François-Marie-Gabriel DELANNE est né à Paris le 23 mars 1857. Son père Alexandre Delanne et sa mère Marie-Alexandrine Didelot étaient de modestes commerçants spécialisés dans la vente d'articles d'hygiène. Madame Delanne tenait le magasin tandis que son époux voyageait pour faire connaître leur commerce.
C'est au cours de l'un de ses nombreux déplacements que son père entendit parler de spiritisme, d'Allan Kardec, de ses ouvrages et de la Société Spirite que celui ci venait de fonder à Paris.

De retour dans sa famille, il s'empressa de relater cette discussion à son épouse qui, déjà très spiritualiste, le persuada d'acquérir les livres d'Allan Kardec.
La lecture de ceux-ci l'interpella tellement qu'il n'eut plus dès lors qu'un seul désir : rencontrer l'auteur de ces merveilleux ouvrages.
C'est ainsi qu'il fut fraternellement accueilli par Allan Kardec qui l'invita à participer à l'une des réunions de la Société Spirite.
A cette occasion, Madame Delanne découvrit qu'elle était médium à écriture.
Dès lors, ils devinrent d'ardents défenseurs de la philosophie spirite.
Monsieur Delanne profitait de tous ses nombreux voyages pour faire connaître le spiritisme
C'est dans ce milieu que naquit et grandit Gabriel.
Elevé selon les principes moraux du spiritisme épousa très vite la cause spirite.
Gabriel effectua sa scolarité au Collège de Cluny en Saône et Loire, puis retrouva son frère Ernest au collège de Gray en Haute Saône.
A l'issue de brillantes études scientifiques, il fut admis à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures le 3 novembre 1876.
Cependant, estimant que ses parents s'étaient imposés de trop lourdes charges, il démissionna de cette école pour entrer dans la vie active et fut embauché comme ingénieur à la Compagnie d'Air Comprimé et d'Electricité Popp où il resta jusqu'en 1892.
Le 31 mars 1880, il s'esprima publiquement lors de la Commémoration annuelle du décès d'Allan Kardec organisé au père Lachaise :

"Allan Kardec, disait-il n'est pas venu apporter une religion, il n'a pas imposé aucun culte; sa morale est celle de Jésus dégagée de toute fausse interprétation; mais ce dont il a doté l'humanité, c'est d'une doctrine capable de répondre à toutes les objections de l'incrédulité et à tous les grands problèmes posés par la raison. En effet, jusqu'ici nous n'avons envisagé que le côté moral de sa doctrine, mais son étude plus approfondie nous montre qu'en suivant ses enseignements, on peut arriver aux plus belles découvertes scientifiques. S'il est un champ d'études encore inexploré, c'est celui qui comprend les rapports entre le monde invisible et le nôtre.
Que de problèmes à résoudre avant de pouvoir donner une théorie scientifique de ces rapports; mais un jour viendra où ils seront connus comme des phénomènes étudiés scientifiquement et ne seront plus un secret pour nous"

en concluant son intervention, il ajouta : " A son exemple, nous ferons tous nos efforts pour répandre ses idées et semer partout la bonne nouvelle"
Nous savons aujourd'hui que le grand spirite tint sa promesse faite sur la tombe d'Allan Kardec et qu'il travailla jusqu'à son dernier souffle à faire reconnaître l'aspect scientifique du spiritisme.
En septembre 1882, les spirites belges invitent les spirites français à une importante réunion destinée à regrouper tous les spirites en une seule et vaste association.
Gabriel fut nommé secrétaire : preuve de l'influence qu'il exerçait déjà dans les milieux spirites.
Ainsi naquit la Fédération Spirite Française et Belge qui devint en 1883 la Fédération Franco-Belge -Latine. La réorganisation du spiritisme kardéciste en France aboutit à la création à Paris, le 24 décembre 1882 de l'Union Spirite et nul ne sera étonné de trouver parmi les membres fondateurs de ce mouvement : Messieurs Delanne père et fils.
Le 21 janvier 1883, le spiritisme perdit l'un de ses premiers pionniers, ce jour là, Amélie Boudet, Madame Allan Kardec, rejoignit son époux dans le monde des Esprits.
Ses obsèques eurent lieu au Père Lachaise où son corps fut inhumé aux côtés de son illustre époux qui l'avait précédé 14 ans plus tôt.
Ce fut Gabriel Delanne qui prononça l'éloge funèbre rendant ainsi hommage à l'épouse et à la militante ayant toujours épaulé son mari dans la lutte âpre et difficile de sa mission.
Inlassablement, Gabriel Delanne mena son combat selon les critères qu'il s'était lui-même fixés, à savoir : démontrer scientifiquement le spiritisme.
C'est en cette même année 1883, qu'il fit une rencontre extraordinaire : madame d'Espérance, célèbre médium britannique qui lui remit l'importante somme de cinq mille francs à l'époque destinée à la création d'un nouveau journal spirite.
C'est ainsi qu'il fonda le nouvel organe de presse spirite : "Le Spiritisme" dont le premier numéro parut en mars.
En 1884, il représenta la France au Congrès Spirite de Bruxelles.
En 1885, il fit paraître son premier livre "Le Spiritisme devant la Science" dans lequel il mettait en évidence cet aspect scientifique du spiritisme qui lui tenait tant à coeur.
En décembre de la même année, il fut nommé vice président de l'Union Spirite Française.
Gabriel Delanne n'avait pas une très bonne santé et dès 1890, il souffrit d'une ataxie qui lui causa une démarche claudiquante. De plus, un abcès contracté à l’œil gauche l'avait rendu aveugle de cet œil; cette cécité partielle provoqua d'ailleurs son exemption du service militaire.
Lorsqu'il quitta son emploi d'ingénieur chez Popp en 1892, il entra alors dans une importante société commerciale en qualité de représentant. Suivant l'exemple paternel, il profita de ses nombreux déplacements pour propager l'idée spirite et organisa des conférences tant en France qu'à l'étranger.
En 1893, parut son second livre "Le Phénomène Spirite : témoignages de savants", suivi de l'Evolution Animique en 1897.
Après le décès brutal de son frère Ernest, spirite lui aussi, il connut un nouveau deuil en 1894, année où sa chère maman rejoignit l'au-delà. Son corps fut d'abord inhumé à Bagneux puis fut ensuite déposé dans le tombeau familial au Père Lachaise, non loin du dolmen d'Allan Kardec.
Toujours avide de mieux faire connaître le spiritisme, in fonda en 1896 une nouvelle revue "La Revue scientifique et morale du spiritisme" dont il souhaita qu'elle fusionne avec la "Revue spirite" créée par Allan Kardec.
C'est en cette même année 1896, qu'il décida courageusement d'abandonner toute activité professionnelle pour se consacrer uniquement à la diffusion de la philosophie spirite
A la même époque, Hector Durville, fondateur de l'école pratique de magnétisme et de massage créa une université des Hautes études composés de trois facultés entièrement indépendantes :
- Faculté des sciences magnétiques,
- Faculté des sciences Hermétiques,
- Faculté des sciences spirites
Bien entendu, la direction de la Faculté des sciences spirites échut à Gabriel Delanne qui y donna des cours chaque mardi.

En juin 1898, se tint à Londres un important congrès spirite international auquel assista en qualité de délégué des organisations spirites suivantes :
- Section Française de la Fédération spirite universelle
- Fédération spirite lyonnaise Union kardéciste italienne il présenta au cours de cet évênement un très long rapport sur la réincarnantion.
Il en profita également pour rédiger avec d'autres congressistes, un appel aux scientifiques spiritualistes au nom du Syndicat de la Presse Spiritualiste Française.
En janvier 1899, la Fédération spirite universelle se transforma en Société Française d'Etudes des Phénomènes Psychiques et cette fois encore, on fit appel à lui pour exercer la vice présidence avant d'en être nommé rapidement Président.
Après vingt années d'un travail remarquable, cette société se transforma en 1919 en Union Spirite Française et bien entendu, Gabriel Delanne en devint le Président.
En septembre 1900, c'est au tour de Paris d'accueillir un congrès spirite international.
Il tomba malheureusement malade et ne put assister qu'aux premières réunions et dut se résigner à ne pouvoir défendre son rapport sur la réincarnantion.
Auparavant, parurent en 1898 : 
"Recherches sur la médiumnité" puis en 1899 "L'Ame est immortelle".

le 2 mars 1901, la mort frappa de nouveau la famille Delanne. Ce jour là s'éteignit Alexandre, son père, à l'âge de 71 ans. Cet homme qui quarante ans durant avait consacré sa vie au spiritisme.
Comme à son habitude, Gabriel supporta avec courage cette nouvelle épreuve cruelle.
Cependant, malade lui-même, il ne put prendre la parole lors des obsèques de son père.
C'est dans sa revue qu'il lui rendit hommage.
N'étant pas marié et n'ayant pas d'enfants, il adopta, début 1905 un bébé âgé de sept mois : la petite Suzanne Rabotin à qui il voua un immense amour qui lui rendit bien.
A l'occasion du congrés spirite de 1905 à liège, il fit une conférence "l'Extériorisation de la Pensée".
En 1906, son ataxie l'obligeant désormais à marcher avec deux cannes, il séjourna d'août à septembre à Cussey près de Lyon où il fut soigné par un ami : Monsieur Bouvier.
A partir de 1908, des amis mirent à sa disposition une villa à Nice, d'où il pouvait admirer la mer. C'est dans cette maison qu'il passa cinq mois par an et où il travailla à son important ouvrage : 
"Les Apparitions Matérialisées des Vivants et des Morts" qui parut en Février 1911.
En août 1914, il cessa la publication de sa revue qu'il devait reprendre en 1917.
Son état de santé avait empiré : il était devenu aveugle;
Il fit son dernier déplacement hors de Paris en 1918, à l'occasion d'un voyage familial à Allauch.
Ne pouvant plus marcher, un fauteuil roulant lui était indispensable.
Toutefois, il continuait de travailler à la diffusion de sa philosophie, des amis lui lisaient les journaux et rédiger les artcles de ses ouvrages en préparation.
C'est ainsi que put paraître en 1924, son dernier ouvrage : "la Réincarnation".
Il connut encore un nouveau deuil le 12 octobre 1925, sa cousine : madame Mathilde Peley qui vécut à ses côtés et le soigna avec dévouement pendant trente ans rejoignit à son tour le monde spirituel.
Gabriel Delanne rendit son dernier soupir le 15 février 1926 à sept heures du matin
Ses obsèques eurent lieu le 18 février 1926 au Père Lachaise où il fut incinéré, ses cendres furent placées dans une urne et déposées dans le caveau familial.